Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/112

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Ainsi l’homme par vous abusé dans ses vœux,
Croit lire vos bienfaits sur l’arène mouvante,
Que disperse un vent orageux.

Quoi ? c’en est fait ; grâce aimable et naïve,
Bras caressans vers les miens étendus,
Souris charmans, gaité touchante et vive,
Traits adorés, je ne vous verrai plus !
Ah ! cette idée est pour moi trop affreuse !
En vain j’espère en adoucir l’horreur :
De mon fils expirant, l’image douloureuse,
Revient à chaque instant se placer sur mon cœur.

Le ciel veut que je te survive,
Cher enfant ; mais jamais, jamais je n’oublierai
L’heure fatale où mon œil égaré,
Suivait dans tes regards ton âme fugitive.
Je donnerai toujours des larmes à ton sort :
Toujours j’aurai présent le moment de ta mort,
Où ta langue déjà captive,
En sons plaintifs me demandait encor…

Mais où vont s’égarer mes souvenirs stériles ?
De tes rapides ans lorsque j’ai vu la fin,
Loin de m’abandonner à des pleurs inutiles,
Je dois de ton trépas rendre grâce au destin,
Forcé de renoncer au doux titre de père,
Du moins dans tes beaux jours par la douleur flétris,
Tu n’auras point à regretter un fils,
Tu n’auras point à consoler sa mère.

 Par. VIGÉE.