Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/124

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Avec le système unitaire et le régime centralisateur, il n’en peut être autrement.

Ce chancre, la Centralisation, dévore et tue la France.

La France représente, à l’heure actuelle, un grand corps anémique, exsangue, à demi paralysé, dont toute la vie s’est réfugiée dans le cerveau.

Les membres n’obéissent plus au cerveau, c’est le cerveau qui se trouve cloué sur place par ces membres déshabitués du mouvement, inhabiles à l’action, opposant la révolte de l’inertie aux révolutions de l’idée.

Une tête qui pense sur un cadavre !

Et, chose inouïe, la province n’est pas coupable ! Elle n’est que malheureuse ! Elle subit, comme Paris, une fatalité, dont il suffirait de l’affranchir, pour qu’elle marchât bientôt d’un pas égal à Paris.

Paris, en effet, n’est pas d’une autre race que le reste de la France. Le Parisien d’origine est une minorité, même à Paris. C’est la province, au contraire, qui alimente Paris. Beaucoup de ces hommes qui luttent et qui meurent pour la Commune de Paris sont nés à tous les bouts de la France.

Paris les a attirés comme l’aimant attire le fer. Ils s’y sont imprégnés de son atmosphère, ont subi, dans cet admirable creuset, une sorte de rénovation, se sont nationalisés sur ce sol fécond, et font aujourd’hui corps avec lui, nourris de sa sève, échauffés de son ardeur, marqués de son empreinte.

Ce qu’ils sont à Paris, ils l’eussent été chez eux, mais chez eux l’air respirable manque, le sol est pauvre, l’espace, le milieu leur font défaut.

Cette œuvre criminelle de l’appauvrissement