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favorable, et qui n’y renonça qu’à regret.

Cependant la viande de boucherie fut rationnée, quoique tardivement.

Mais alors, comme on avait oublié les chevaux, il s’ouvrit partout des débits de viande de cheval, et la population s’y précipita pour augmenter son ordinaire.

Le gaspillage en fut effroyable pendant quelque temps.

Le citoyen Greppo[1] et moi, nous nous rendîmes au cabinet de M. Clamageran, pour lui signaler cet état de choses et lui dire qu’il fallait absolument étendre la mesure du rationnement à la viande de cheval, qui, sans cela, disparaîtrait en peu de temps, privant la ville assiégée de sa principale et meilleure ressource[2].

M. Clamageran, pour cette fois, se mit en colère.

« — Nous avons bien assez de mal avec la viande de boucherie ! s’écria-t-il. Si nous nous mettons à rationner la viande de cheval, ce sera encore une foule de nouveaux ennuis. Vous voulez donc nous tuer !! Laissez vendre le cheval comme on voudra ! Pourvu que je n’en entende pas parler, c’est tout ce que je demande ! »

Voilà pour le dévouement.

Si j’ai insisté sur ces détails, c’est qu’ils donnent la mesure exacte des hommes entre les mains desquels nous étions tombés, et de l’esprit qui régnait dans les régions gouvernementales.

  1. Maire du quatrième arrondissement.
  2. En effet, les chevaux étaient magnifiques. Le fourrage étant trop cher, on les nourrissait avec du blé et de la farine. Le gouvernement, qui le savait, laissait faire. On donna plus tard l’avoine aux Parisiens.