Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propagande de la démoralisation et de la lâcheté ! Les officiers, sachant bien que cela aiderait à leur avancement, démontraient à leurs soldats que la résistance était inutile et leur faisaient crier : Vive la paix !

Ils allaient plus loin, ils se livraient à une œuvre plus basse et plus infâme encore : ils excitaient la jalousie et les colères de l’armée contre la garde nationale. Ils la peignaient comme étant lâche et ne demandant la continuation de la guerre que pour toucher ses trente sous et vivre dans l’oisiveté.

On laissait, à dessein, les régiments aux avant-postes, dévorés par la vermine, accablés de fatigue, en leur disant que la garde nationale refusait de les relever, quand, au contraire, elle suppliait qu’on voulût bien la charger seule du service de l’enceinte, des forts et des avant-postes, afin qu’on pût mobiliser toute l’armée régulière et l’employer d’une façon plus utile, quand elle réclamait à grands cris qu’on lui accordât la joie d’accompagner ou de précéder les soldats dans les sorties.

Ce lent travail de calomnie, cette odieuse conspiration, ne tardèrent pas à porter leurs fruits.

Les gardes nationaux qui se rendaient à leur service en chantant des chants patriotiques, ne pouvaient plus passer à travers les lignes de la mobile et de l’armée, sans être insultés, sifflés ou raillés.

Voilà les trente sous ! Voilà les guerre à outrance ! leur criait-on. Vive la paix !

— Vive la République ! À bas les Prussiens ! répondaient les citoyens.

Et pendant que l’armée apprenait la haine des