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Quelques-uns, parmi lesquels le fameux général Ducrot, déclarèrent que, le jour de la capitulation venu, et lorsqu’il n’y aurait plus d’espoir, « ils sauveraient l’honneur de l’armée ! »

Interrogés sur ce qu’ils entendaient par sauver l’honneur de l’armée, ils furent encore plus hésitants, et s’expliquèrent avec une foule de réticences. Néanmoins, il ressortit de leurs explications, notamment de celles du général Ducrot, qu’il s’agissait, avec l’armée régulière, de faire une trouée à travers les Prussiens et d’aller rejoindre l’armée de Chanzy, plutôt que de livrer les armes, les munitions et les hommes, comme avait fait Bazaine, à Metz.

En somme, il résultait de ces explications que même les généraux de l’entourage de Trochu reconnaissaient au moins son incapacité, mais que pas un de ces généraux ne se sentait assez de courage, de patriotisme ou de génie, pour essayer une œuvre de salut, pour assumer un dernier acte d’énergie.

Cependant l’impopularité de Trochu était arrivée à ce point, qu’il eût suffi de mettre en avant le nom d’un homme de guerre quelconque, pour que cet homme fût appelé immédiatement à remplacer le gouverneur de Paris.

La population entière aurait, à ce moment, imposé cette nomination aux gens de l’hôtel de ville.

Après avoir entendu ce rapport, la réunion décida qu’il n’y avait plus rien à attendre du monde officiel, et que le salut ne pouvait venir que d’un grand mouvement populaire reprenant l’œuvre du 31 octobre, et remettant la direction aux forces révolutionnaires, seules capables de tenter, de mener à bien un effort suprême.