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La garde nationale, elle, n’eut pas à rendre ses fusils.

Jules Favre en a, depuis, demandé pardon « à Dieu et aux hommes ». — Ce regret est tout simplement une hypocrisie de plus à inscrire à son compte. Jules Favre sait fort bien qu’il ne dépendait pas de lui, ni d’aucun membre du gouvernement, de désarmer la garde nationale. S’il stipula que la garde nationale conserverait ses armes, qu’il se rassure et cesse de s’excuser, personne n’a jamais attribué cette stipulation à quelque sentiment d’honneur patriotique ou de bienveillance et d’admiration de sa part envers la garde nationale. — Il n’a cédé là qu’à la peur. — Il n’ignorait pas que le peuple de Paris n’eût point rendu ses fusils, ni ses canons. Si on les lui laissa, c’est qu’en voulant les lui ôter, on était à peu près certain que, dans sa colère, il déchirerait la capitulation et déjouerait le complot Thiers-Bismark-Favre.

Ses dispositions étaient telles que le bruit ayant couru, quelques jours après, que les Prussiens devaient, la nuit suivante, franchir l’enceinte et occuper les Champs-Elysées, plus de cent mille hommes en armes se portèrent spontanément à leur rencontre, vers minuit, décidés à les repousser par la force et à empêcher cette violation du sol de Paris.

Si l’on veut bien comprendre la beauté de ce mouvement d’indiscipline et de fierté, il faut d’abord se rendre compte qu’il fut spontané, je le répète, le gouvernement et beaucoup de commandants ayant tenté tous les moyens possibles pour l’entraver, ensuite qu’à ce moment les forts étaient occupés par les Prussiens, qui en avaient braqué les canons contre la ville.