Page:Artrey - Anthologie internationale, quinze ans de poésie française à travers le monde, 1927.djvu/10

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appelé à fixer son choix sur soixante-quinze poètes, de tous les tempéraments et de toutes les latitudes, véritablement dignes de figurer dans une Anthologie Française destinée à mettre en lumière leur bel effort idéaliste et à concrétiser l’expression de leurs talents et de leurs inspirations.

Sans doute avaient-ils répondu par centaines à notre appel, les poètes qui, dans notre langue précise et musicale, chantent de par le monde. Ils sont, en effet, nombreux, à l’étranger, ceux-là dont le cœur et l’intelligence ont été nourris des sèves spirituelles que, dans le tréfonds du sol français, sécrètent intensément les racines traditionnelles de ce grand arbre millénaire, au fût droit comme une colonne du Parthénon, aux fins rameaux dressés dans l’azur classique, dont, à l’apogée de sa magnificence, Rome avait confié le germe à la fécondité de la terre celtique.

Et là, nous élevant d’un coup vers les sphères supérieures de la philosophie des races, ne nous est-il pas permis de nous demander ce qu’il faut le plus admirer soit du grand amour vénérateur de ces poètes lointains et des sociétés, dont ils sont les porte-flambeaux, pour la patrie intellectuelle qui, bien souvent, fut le pays natal de leurs ancêtres ; soit de l’indissoluble inviolabilité de la tradition et de l’âme françaises mêlées, perdues parmi ces larges foyers de jeunes civilisations, au sein de ces profondes nébuleuses humaines où des peuples et des mentalités en fusion se reforment pour des avenirs rénovés de puissance et de prospérité ?

Dans ces océans d’humanité, les groupements français ne sont-ils pas comme les récifs de corail des océans terrestres ? Non seulement ils demeurent intangibles au flot ; mais encore, dans une graduelle et forte expansion, ils se dilatent et se propagent à l’entour. La vague ne saurait les ronger ; c’est eux qui gagnent sur la mer. Hier,