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XII

LES BANDITS


Quinze jours plus tard les cottages de la montagne étaient de nouveau occupés et des coups de feu annonçaient que les proscrits se livraient à la chasse, leur passe-temps favori.

Le lac dormait encore sous sa couche de glace, la neige blanchissait les coteaux abruptes, le vent du nord sifflait d’une façon lugubre dans les gorges profondes, on eût dit les gémissements des âmes en peine ; mais un ciel pur éclairait la campagne, les rayons du soleil souriaient parmi les buissons de houx et de pruniers sauvages.

À l’heure où les proscrits se réunissaient pour le repas du soir, on vit entrer un jeune garçon pâle, déguenillé, le visage empreint d’une morne tristesse ; ses yeux gonflés par les larmes avaient une expression de désolation navrante.

— Jack, dirent les montagnards, as-tu été malade ?

L’enfant, d’une voix brisée, fit le récit de ce qui s’était passé dans sa chaumière, il ajouta au milieu de ses sanglots :

— Je suis venu, car je n’ai plus rien à faire parmi ces méchants qui ont tué ma bonne mère. M. le curé m’a dit qu’il fallait pardonner aux bourreaux de ma mère ; mais non, continua-t-il en serrant ses deux mains sur