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IV

LE COLLECTEUR DES DÎMES DE SA RÉVÉRENCE


C’était jour de marché au village de Greenish. Les routes qui y conduisent étaient encombrées de paddies aux vêtements délabrés, menant des troupeaux ou venant vendre leurs denrées ; beaucoup étaient montés sur les bons petits poneys du pays ; des enfants en guenilles accouraient à pied des pauvres hameaux voisins, afin de jouir des distractions de la foire.

Le marché se tenait sur une grande plaine au bas du village. Depuis le lever du jour, on y voyait une affreuse cohue de gens de toutes sortes, de charrettes, de chevaux, de bestiaux. Les clameurs de la foule, les beuglements des animaux, le claquement des fouets assourdissaient les oreilles les moins délicates.

Un pâle soleil d’automne éclairait la fête.

Comme sur tous les marchés du monde les propriétaires des étalages ambulants se disputaient à grand renfort d’éloquence les faveurs du public. Il y avait des colporteurs, des marchands d’images, des charlatans vendant des bagues préservant de la fièvre et généralement des remèdes pour tous les maux ; des Juifs, aux haillons sordides, étalant sur leurs sales éventaires les vieilles défroques dont ils vantaient la qualité.