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comme officier d’état-major, et le départ immédiat pour le 22e dans les conditions proposées par lui aux officiers de mon grade et acceptées par moi. Dans l’un ou l’autre des deux premiers cas je resterais, en attendant, commandant en second du 10 de réserve, où le 163e s’était fondu avec les restes du 69e, du 189e, du 41e, et auquel j’étais passé avec mon grade et mes attributions, Contre l’avis de Turner, qui me faisait voir [l]es rigueurs d’une campagne d’hiver et de printemps, je choisis la troisième alternative. Je partis le 6 mars, Au 22e je restai major, mais servis comme lieutenant, et sans ménagement ni adoucissement d’aucune sorte, que du reste je n’aurais pas accepté. Je pris part aux préparatifs de Vimy, et à ce qui suivit+ ; si je ne fus pas à l’assaut, c’est uniquement parce que le colonel, malgré moi, me réserva avec un certain nombre d’autres officiers pour une attaque ultérieure, qui devait avoir lieu dans une semaine mais qui, sous l’empire des circonstances, devait se changea en une prosaique résistance un peu[manuscrit] au feu méthodique de l’artillerie allemande. Le 28 mai j’étais évacué sur l’hôpital, à l’arrière d’abord, puis à Boulogne, pour la fièvre des tranchées, sorte d’affection paludéenne qui à ce moment sévissait sur le front britannique. Dès le 7 juin j’étais de retour au 22e. A ce moment mes trois mois étaient expirés. Ne goûtant pas le genre de discipline qui régnait alors du haut en bas du bataillon (et qui a depuis coûté au colonel Tremblay,héroique soldat d’ailleurs, le poste de général de brigade), je demandai d’abord á rentrer en Angleterre. Me ravisant aussitôt, je demandai ensuite à rester pour trois autres mois. Au grand quartier, qui, je l’ai su depuis, offrait de m’incorporer définitivement au 22e, Tremblay répondit que je n’avais pas la santé nécessaire. Le 19 juin, en réponse à un désir que j’avais exprimé de retourner en Angleterre par Paris, je recevais la permission ordinaire de dix jours pour la capitale, mais non pas ma feuille de route pour l’Anglett/erre. La feuille m’arriva à Paris le 27 ou 28 juin. A ce moment j’avais déjà, à la demande de Roy, lequel en avait de mandé l’autorisation à Perley, décidé de prolonger mon séjour à Paris jusqu’au 3 juillet, pour assister à la grande cérémonie de la Madeleine le 2 juillet. Le 3 je quittai Paris, mais résolu à retourner au front. De fait, le 4 au soir j’étais de nouveau au 22e, cette fois dans les faubourgs d’une ville qui devait faire parler d’elle par la suite. Le colonel, pour plusieurs raisons, -- dont l’une, apparément la principale, était que, rayé des cadres, je ne pouvais y res?ter qu’après une longue correspondance, ma situation et la sienne étant, dans l’intervalle, irrégulière, -- ne voulut pas de moi. Le 6 juillet je repartais définitivement pour le 10e de réserve. En arrivant à Londres, le 7, j’apprenais au grand quartier général, où je venais me rapporter (je ne sais si cette expression est française, mais elle est bien commode), que Sir George Perley avait, quelques heures auparavant, demandé mon rappel du 22e pour me confier le secrétariat d’une mission militaire canadienne à établir en France, je veux dire à Paris.

La mission est ici depuis le 2 août. Sans avoir énormément à faire, elle peut rendre de grands services. Du reste, étant à vrai dire le seul membre qui sache le français, j’ai un peu plus que ma part de travail. Le chef, lord Brooke, parle le français, mais comme un Anglais ; le capitaine de Lotbinière (petit fils de SSir Henry) le parle à la fois à l’anglaise et à la canadienne, et Geary ne le parle pas du tout, et aucun d’eux ne l’écrit. Nous nous sommes intéressés à l’acceuil des permissionnaires canadiens, au sort des Canadiens internés en Suisse, et ainsi de suite. Quant à moi, la propagande de presse m’incombe. Ca marche tout seul par le temps qui court ; l’affaire de Lens, une des plus sanglantes de la guerre, a fait aux Canadiens, en France, une réputation incroyable, comme vous le verrez par ⁁mes ma collection d’extraits de journaux que j’enverrai demain ou après-demain au Canada ou à la Patrie. J’ai tenté une fois ou deux d’activer les choses, et mal m’en a pris. Mon cher ami, l’ignorance des reporters des feuilles secondaires, à Paris, est quelque chose d’effarant ; elle n’est comparable qu’à celle de la Presse et de la Patrie, mais s’exerçant sur une plus grande scène elle est plus dangereuse. L’autre jour un nommé Chancel, de l’Excelsior, ayant appris l’arrivée de la mission, venait nous demander des matériaux pour un article sur l.armée canadienne. « Voici justement un de mes colluègues qui sera heureux de vous documenter », dit Lord Brooke en me désigant. Je n’avais pas causé trois minutes avec le monsieur que je découvrais en lui le lecteur de Fenimore Cooper et de Gustave Aimard. Pendant trois