Page:Asselin - Les évêques et la propagande de l'Action catholique, 1915.djvu/34

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droit et toute autorité qui n’émanent pas de la volonté populaire, est subversif de l’ordre social comme de l’ordre chrétien…

C’est une longue histoire que celle du nationalisme européen, et Dieu nous garde de tenter ici de la résumer. Kosciuszko et Poniatowski en Pologne, Stein en Prusse, Canaris et Capo d’Istrie en Grèce, Kossuth en Hongrie, O’Connell en Irlande, Mazzini, Cavour et Garibaldi en Italie, ont à eux seuls vécu et agi la moitié de la politique européenne au XIXe siècle. L’Église a été sévère pour ceux de leurs actes qui pouvaient la compromettre auprès du pouvoir civil. De même qu’aux XVIIe et XVIIIe siècle les casuistes avaient autant de codes de morale privée qu’il y avait d’ordres de puissance dans la société, de même au XIXe siècle les hommes d’Église n’ont pas manqué qui par instinct d’obéissance passive, et plus souvent par intérêt, se sont rangés avec les oppresseurs contre les opprimés. Il y a ceci toutefois à remarquer, qu’autant les adeptes du droit divin ont fait de zèle contre le nationalisme envisagé à l’abstrait, autant ils se sont, en général, montrés prudents dans leurs appréciations des hommes et des partis nationalistes. On eût dit qu’ils prévoyaient le jour

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