Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/220

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La Ballade en vers de dix ſyllabes n’eſt autre choſe qu’un poème formé de trois Dizains écrits ſur des rimes pareilles. Après les trois Dizains vient, — non une quatrième ſtrophe, mais une demi-ſtrophe de cinq vers, appelée Envoi, & qui eſt comme la ſeconde moitié d’un quatrième Dizain qui ſerait écrit ſur des rimes pareilles à celles des trois premiers Dizains.

La Ballade en vers de huit ſyllabes n’eſt autre choſe qu’un poëme formé de trois Huitains écrits ſur des rimes pareilles. Après les trois Huitains vient, — non une quatrième ſtrophe, mais une demi-ſtrophe de quatre vers, appelée Envoi, & qui eſt comme la ſeconde moitié d’un quatrième Huitain, qui ſerait écrit ſur des rimes pareilles à celles des trois premiers Huitains.

L’Envoi, claſſiquement, doit commencer par le mot : Prince, & il peut auſſi commencer par les mots : Princeſſe, Roi, Reine, Sire ; car, au commencement, les Ballades, comme tout le reſte, ont été faites pour les rois & les ſeigneurs. Il va ſans dire que cette règle, même chez Gringoire, Villon, Charles d’Orléans & Marot, ſubit de nombreuſes exceptions, car on n’a pas toujours ſous la main un prince à qui dédier ſa Ballade. Mais enfin telle eſt la tradition. Dans l’Envoi qui termine les Ballades, ces mots : Prince, Princeſſe, Roi, Reine, Sire, ſont ſouvent auſſi employés ſymboliquement, pour exprimer une royauté tout idéale ou ſpirituelle. C’eſt ainſi qu’on dira : Prince des cœurs ou Reine de Beauté, en s’adreſſant au Dieu Amour ou à quelque dame illuſtre.