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Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de Saint-Antoine, trad Manoury.djvu/35

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finesse et d’intelligence dans un homme sans lettres. Des philosophes païens vinrent un jour le trouver, s’imaginant qu’il leur serait facile de se mesurer avec lui. Il était alors sur la montagne située en deçà du désert. Ils lui demandèrent les preuves de notre foi en Jésus-Christ ; ils essayèrent de construire des syllogismes contre la prédication de la croix, et ils mêlèrent à tout cela des plaisanteries. Antoine les laissa parler un moment, ayant pitié de leur ignorance, puis il leur dit au moyen d’un interprète qui traduisait fidèlement ses paroles :

64. « Lequel est le plus honorable de confesser la croix, ou d’attribuer des adultères à ceux que vous appelez vos dieux ? Les douleurs de la croix que notre Dieu a souffertes, comme nous le reconnaissons, attestent au moins du courage et un noble mépris de la mort. Mais les actions que vous attribuez à vos dieux ne proviennent que de passions infâmes.

65. « Lequel, à votre avis, est le plus honorable de souffrir sur une croix préparée par des méchants, ou bien de nous débiter les courses vagabondes d’Osiris et d’Isis, les embûches de Typhon, l’exil de Saturne, ou de nous raconter comment le même Saturne dévorait ses enfants et tua son père ? Car voilà les sages enseignements de votre religion.

66. « Comment, d’ailleurs, se fait-il que, raillant la croix, vous n’admirez pas la résurrection ? Car ceux qui nous ont parlé de l’une nous ont aussi enseigné l’autre. Pourquoi donc rappelez-vous la croix, sans rappeler aussi les morts qui ressuscitent, les