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mesurés par la Providence. Si telle est notre disposition, si nous vivons chaque jour dans ces sentiments, nous ne pécherons pas, nous ne désirerons rien, nous ne nous irriterons contre personne et nous n’amasserons point de trésors sur la terre. Nous attendant chaque jour à mourir, nous ne posséderons rien et nous pardonnerons à tous les hommes. Quant aux voluptés immondes, non seulement nous ne les rechercherons pas, mais nous les fuirons comme un plaisir passager, nous croyant toujours au moment suprême et ayant continuellement les regards fixés sur le jour du jugement ; toujours, en effet, la frayeur des supplices éternels dissipe l’attrait des voluptés, et relève le courage de l’âme qui faiblit. Après avoir commencé, après avoir mis le pied dans le sentier de la vertu, efforçons-nous d’aller en avant et tâchons d’arriver au but qui nous est proposé. Que personne ne regarde en arrière, comme la femme de Loth, car le Seigneur a dit : « Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas propre au royaume des cieux. (Luc, ix, 62.) » Or, regarder en arrière n’est pas autre chose que se repentir et penser de nouveau aux choses de ce monde. Quand on vous parle de la vertu, ne vous laissez point effrayer ; que ce mot ne vous étonne pas, la vertu n’est pas loin de nous ; c’est une entreprise qui dépend de nous, une chose facile, car il s’agit seulement de vouloir. Les Grecs font de longs voyages, ils passent les mers pour apprendre les belles-lettres ; pour nous, il n’est pas nécessaire que nous quittions notre pays afin d’obtenir le royaume des cieux ; nous n’avons pas besoin de traverser la mer pour acquérir la vertu, car le Seigneur a dit : « Le royaume des cieux est dans vous (Luc, 17-21.) » Ainsi la vertu n’exige que la bonne volonté ; puisqu’elle est en nous, elle ne dépend que de nous, car si notre âme par sa nature est douée de l’intelligence, la vertu en dépend ; l’âme est suivant sa nature lors-