Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de saint Antoine, trad Rémondange.djvu/33

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Seigneur ; cependant, quoique terrassés, ils ne restent pas en repos pour cela, mais, employant la ruse et la fourberie, ils reviennent de nouveau à la charge ; lorsqu’ils ne peuvent pas, par d’obscènes voluptés, tromper un cœur, ils ont recours à d’autres stratagèmes ; ils essayent d’effrayer par de vains fantômes en prenant la ressemblance et les manières de femmes, de bêtes féroces, de reptiles, de personnages d’une grandeur extraordinaire et d’une troupe de soldats. Malgré cela, il ne faut pas s’effrayer de ces fantômes, car ils ne sont rien et disparaissent bien vite, surtout si l’on se fortifie de la foi et du signe de la croix, mais ils sont audacieux et très-imprudents : vaincus d’un côté, ils attaquent de l’autre. Ils feignent de prophétiser et de prédire l’avenir, de paraître atteindre jusqu’au toit par la grandeur de leur stature, afin de tromper par de semblables apparitions ceux qu’ils n’ont pu séduire par d’obscènes pensées ; mais s’ils trouvent une âme affermie par la foi et l’espérance, ils amènent alors leur chef avec eux. Antoine disait qu’il lui était apparu souvent semblable au démon que le Seigneur découvrit à Job, lorsqu’il dit : « Ses yeux ont l’éclat de l’aurore ; le feu qui sort de sa bouche produit des étincelles ; de ses narines sort une fumée comme d’une fournaise allumée ; son souffle allume les charbons ; sa poitrine vomit la flamme. (Job., xli, 9, 11.) » C’est ainsi qu’apparaît le chef des démons pour effrayer, fourbe et plein de jactance, comme je l’ai dit, et comme le Seigneur le dévoile de nouveau à Job. Pour lui, le fer est comme de la paille, l’airain comme du bois vermoulu ; il fait bouillonner l’abîme comme une chaudière, la mer comme un vase d’huile ; il regarde la profondeur de l’enfer comme sa conquête, l’abîme comme un lieu de promenade (Job, xl, 18, 21), et d’après le prophète : « Je le saisirai et le poursuivrai (Exod., xx, 9), » et encore d’après Isaïe : « Je prendrai toute la terre dans ma main comme un nid d’oiseaux, et je l’emporterai comme des