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n’avait pas vu depuis des années, il se mit en marche avec ceux qui étaient venus le trouver. Un chameau portait des pains et de l’eau pour le voyage, car tout ce désert est aride et nulle part on ne trouve de l’eau potable, si ce n’est dans la montagne où était la cellule d’Antoine, et c’était à cette source qu’ils avaient fait leur provision. L’eau vint à manquer dans la route, et comme la chaleur était excessive, ils se voyaient tous exposés à périr ; ils parcoururent tous les environs sans trouver d’eau ; ils ne pouvaient plus marcher. Désespérant de leur salut, ils se couchèrent par terre et laissèrent leur chameau aller où il voudrait.


SAINT ANTOINE FAIT JAILLIR UNE SOURCE D’EAU.


Mais le vieillard, voyant tous ses compagnons dans un tel péril, en fut profondément affligé. Il s’éloigna d’eux à quelque distance en gémissant, se mit à genoux, leva ses mains au ciel et pria ; à l’instant le Seigneur fit sortir une source d’eau à l’endroit même où il était en prière. Tous ses compagnons burent et se ranimèrent ; après avoir rempli leurs outres, ils se mirent à la recherche de leur chameau et ils le trouvèrent ; son licou s’étant enroulé par hasard autour d’une pierre l’avait arrêté. Ils le ramenèrent donc, le firent boire, chargèrent leurs outres sur son dos et continuèrent leur voyage sans autre accident. Lorsqu’il fut arrivé aux monastères qui sont situés en deçà du désert, tous les moines l’embrassèrent, le regardant comme leur père ; lui-même leur apportait de sa montagne, comme provisions de voyage et présents d’hospitalité, des paroles utiles et pleines de sagesse. Ce fut une grande allégresse sur les montagnes ; on y voyait briller d’une nouvelle ardeur le zèle pour avancer dans la vertu, on s’encourageait et on s’animait dans la foi commune.