Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/15

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peu d’heures après l’accouchement ; elle prend le nom de fièvre de lait si elle est éphémère ; quelquefois elle n’apparaît que le troisième ou le quatrième jour, et plus rarement le septième ou le huitième ; elle frappe indistinctement les forts et les faibles, les riches et les pauvres, mais plus souvent les uns que les autres ; elle débute par un ou deux frissons accompagnés d’anxiété et d’un sentiment de tristesse et de découragement ; le visage est pâle et défait ; les traits s’altèrent rapidement ; les yeux, suivant la remarque d’Hippocrate, se couvrent d’une espèce de nuage ; enfin une douleur vive, aiguë, poignante, se fait sentir à l’un des hypochondres ou à la région ombilicale ; la tête devient douloureuse, le pouls s’accélère, la respiration s’embarrasse ; des nausées et des vomissements fatiguent la malade, et alors survient le symptôme en quelque sorte pathognomonique, je veux dire la siccité, la sécheresse absolue, la déplétion complète et subite des seins.

Dans le progrès de la maladie, le ventre se gonfle et se ballonne, mais sans tension ; les viscères abdominaux paraissent mal contenus par les parties membraneuses qui ont perdu leur ressort. Puis le dévoiement survient, et il domine la fièvre par la fatigue extrême dans laquelle il jette la malade ; enfin, à une époque encore plus avancée, il se fait des éruptions miliaires. On peut constater aussi tantôt un assoupissement profond, tantôt, au contraire, un délire furieux comme dans certaines fièvres cérébrales ; quelquefois la poitrine est envahie, et les accidents sont aussi menaçants que dans les péripneumonies les plus graves ; dans d’autres circonstances, les états putrides ou ataxiques se mettent de la partie et précipitent l’événement ; dans presque tous les cas, enfin, une diarrhée colliquative se déclare, la faiblesse va sans cesse en augmentant et la mort arrive du cinquième au onzième jour.