Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/66

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ration de ses divers éléments pathologiques s’accordent avec les résultats de la statistique pour faire considérer les établissements de la Maternité comme institutions dangereuses et meurtrières, et pour faire demander comme un grand progrès, la suppression radicale de ces établissements sous quelque forme et sous quelque dénomination qu’ils se présentent.

Telle est la théorie de M. J. Guérin ; importante par les considérations qu’elle soumet à la méditation, elle emprunte une haute valeur à l’autorité de l’observateur perspicace et infatigable, qui l’a, passez-nous le mot, en quelque sorte couvée depuis douze ans. Aussi répéterons-nous avec M. Amédée Latour : « Observateurs, vérifiez l’exactitude du fait annoncé ; s’il est vrai, vos dénégations ne le détruiront pas ; s’il y a eu erreur ou illusion de la part de M. J. Guérin, le grand échafaudage physiologique et pathologique sur lequel il a appuyé son fait nouveau ne le préservera pas d’une chute ; mais de grâce vérifiez, ne niez pas. »

Et quand on aura vérifié ce fait, en résultera-t-il que toute la fièvre puerpérale est là, dans une plaie suppurante et dans un mécanisme physiologique ? Vraiment non. La théorie de M. Guérin est peut-être applicable, avec quelques tempéraments, à la fièvre puerpérale que nous appellerons secondaire pour complaire aux symptomatiques, mais certes elle ne l’est nullement à la fièvre puerpérale franche, légitime, autrement dit, à la fièvre puerpérale essentielle. En effet, la fièvre puerpérale classique préexiste à toutes les lésions anatomiques, suite de couches ; elle est le produit d’une intoxication générale déterminée par le transport du lait ou des lochies dans le sang, et elle diffère essentiellement, sous ce rapport, de toute la série de fièvres ou d’inflammations symptomatiques ou consécutives qui surgissent à la suite des couches laborieuses ou mal conduites. M. Guérin affirme lui-même que le mouvement de fièvre que l’on