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prit la fuite ; l’ennemi faisoit sa troisième décharge de mousqueterie quand monsr De Beaujeu fut tué.

« Notre déroute se présenta à mes yeux sous le plus désagréable point de vû ; et pour n’être point chargé de la mauvaise manœuvre d’autruy, je ne songeay plus qu’à me faire tuer.

« Ce fut alors, Monseigneur, qu’exitant de la voix et du geste le peu de soldats qui restoit, je m’avançay avec la contenance que donne le désespoir, mon peloton fit un feu si vif que l’ennemi en parut étonné ; il grossit insensiblement et les Sauvages voyant que mon attaque faisoit cesser les cris de l’ennemi revinrent à moy. Dans ce moment j’envoyay monsr le chevalier Le Borgne et monsr de Rocheblave dire aux officiers qui étoient à la tête des Sauvages, de prendre l’ennemi en flanc ; le canon qui batoit en tête donna favœur à mes ordres ; l’ennemi pris de touts côtés combatît avec la fermeté la plus opiniâtre. Les rangs entiers tomboient à la fois ; presque touts les officiers périrent ; et le désordre s’étant mis par là dans cette colonne tout prit la fuite.

« Le pillage fut horrible de la part des Français et des sauvages. Les officiers blessés qui touts l’avoient été dans ce dernier choc restoient sans secours. J’envoyay Messieurs De Normanville et Saint-Simon ramasser les soldats ; tout revint.