Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/26

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pris cet article. Dans ses actes authentiques, dans ses livres, il écrit toujours Bernard Palissy simplement.

Le portrait qu’on grave de lui n’est pas non plus très authentique. Achille Deveria, qui avait commencé l’œuvre de l’artisan saintais avait, raconte M. Sauzay, réuni dans un recueil, « acquis depuis par la Bibliothèque impériale, plusieurs portraits présumés de maître Bernard. » On a adopté celui qu’a publié X. Villemin. Il est pris sur une plaque de faïence émaillée qui fait partie de la collection de M. le baron Anthony de Rothschild, à Londres. Ce n’est pas celui d’un seigneur ou d’un personnage éminent du temps : on l’aurait reconnu à ses traits. D’ailleurs le costume est assez simple et conviendrait à la condition de l’artisan, à ses habitudes austères. Malheureusement il ne s’accorde pas avec la chronologie et les modes de l’époque. La bordure qui encadre le portrait date des dix ou douze dernières années du seizième siècle. Le long col de la chemise qui entoure le visage se retrouve dans le portrait d’Olivier de Serres à cinquante-cinq ans, c’est-à-dire en 1594. Antoine Carron, dernier peintre en titre de Catherine de Médicis, le porte sur celui où Thomas de Leu, son gendre, nous le représente à un âge avancé. Henri III avait le même col le jour où il fut assassiné. À ce moment, vers 1590, Bernard Palissy était fort âgé, sinon déjà décédé. Eh bien, la figure du personnage émaillé de M. de Rothschild indique quarante-cinq ou cinquante ans au plus. On ne peut voir là le visage de maître Bernard, qui devait être amaigri par les souffrances et la vieillesse. « C’est d’ailleurs, dit M. Fillon, manquer pres-