Page:Audiat - Un poète abbé, Jacques Delille, 1738-1813.djvu/27

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Parmi les protecteurs de Delille était un prince français, qui avait le goût des gens de lettres. C’était depuis François Ier une tradition de protéger les poètes ; Marot, Desportes, Ronsard et autres, et pour les faire vivre de leur octroyer les revenus d’un bénéfice. Le comte d’Artois nomma Delille à l’abbaye de Saint-Séverin, dont il était collateur[1].

L’abbaye de Saint-Séverin, ordre de Saint-Augustin, au diocèse de Poitiers, aujourd’hui commune du département de la Charente-Inférieure, canton d’Aunay, à 19 kilomètres de Saint-Jean-d’Angély, n’est plus qu’une annexe de la paroisse de Dampierre-sur-Boutonne. Fondée en 1068 par Guy-Geoffroy (Guillaume VII), duc de Guyenne et comte de Poitiers, qui l’avait mise sous le patronage de saint Séverin, évêque de Bordeaux (Ve siècle), en souvenir de l’église de Saint-Seurin, où il avait été couronné duc d’Aquitaine, l’abbaye n’avait jamais été bien florissante. Dévastée en 1268 par des hordes de pillards, elle fuit complètement ruinée en 1568 par les huguenots, et ses biens usurpés ; en 1591, les revenus, qui s’élevaient jadis à 30 000 livres, ne montaient plus qu’à 13 ou 15 000. Quand l’évêque

  1. « Le comte d’Artois devenu l’un des protecteurs les plus affectueux du poète, dit Sainte-Beuve, le fit d’abord nommer chanoine de Moissac dans le Quercy ; puis il lui donna l’abbaye de Saint-Séverin, dépendant de la généralité d’Artois. »