Page:Audoux - De la ville au moulin.djvu/27

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c’est le paysage lui-même qui se déplace. Et surtout, il y a le moulin à vent. Ce moulin change de forme selon que le temps est clair ou couvert et toujours il attire notre attention. Lorsque par temps gris il est au repos, il devient pour nous un cerf en péril venant de gravir précipitamment la côte, et arrêté net devant l’étendue du plateau. De ce cerf, on ne voit que le haut du corps, mais on le devine tout frémissant de crainte devant cet espace découvert qu’il lui faut franchir plus vite.

Par grand vent, le moulin a toute notre pitié tant ses gestes désordonnés semblent appeler au secours. Mais lorsque par vent doux, il ouvre toutes grandes ses ailes blanches au soleil, nous ne le perdons pas de vue, nous attendant toujours à le voir quitter la terre dans une envolée pleine d’orgueil.


Vers la fin de juillet ma mère me prévint que les enfants passeraient leurs vacances à Paris. Il fallait éviter les grosses dépenses, disait-elle. Au surplus, elle espérait que les enfants se maintiendraient en bonne santé en allant jouer tout le jour au Jardin des plantes assez proche de chez nous.

Ce fut pour moi une bien mauvaise nouvelle.

Une lettre de Firmin arrivée peu après, m’enleva une partie de ma peine en me faisant rire. Il disait :


« Je sais ce que maman t’a écrit, et je me doute bien que tu es en train de pleurnicher, parce que les filles, ça pleure tout le temps, même quand on