Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/100

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Là aussi, Églantine chante de cette voix qui fait dire à Noël que le ciel descend pour lui sur la terre, et où il retrouve, dit-il, le vent, la pluie et le soleil. Elle s’amuse à reproduire les bruits qu’elle imite avec une perfection déconcertante. Pour elle, tout est musique, aussi bien ce qu’elle voit que ce qu’elle entend. Les phrases les plus simples se rangent dans sa tête comme pour former des sons. À l’étonnement de Noël, la première fois qu’ils étaient venus à la rivière, elle avait dit tout de suite, en regardant la longue file de saules qui se faisaient face :


À les voir tout tordus se pencher sur la rive
Avec leur tête nue ou chargée de rameaux
On dirait des vieillards à l’oreille attentive
Écoutant le secret que murmure les eaux.


Il y a encore cette clarté qui rayonne par moments sur son visage et qui se fait plus vive lorsque la nuit les surprend dans les bois. Ce menu visage clair, Noël le regarde à la dérobée et ne sait que penser ; mais il sent bien que son amour en augmente, et dans son cœur, c’est comme une épaisse fumée d’encens qui monte vers celle qui lui donne un si parfait bonheur.