Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/118

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retour elle fait montre d’une grande activité, nettoyant à fond sa toile, et en réparant soigneusement les déchirures, ainsi qu’une bonne ménagère qui remet tout en ordre après un voyage. Tou aussi s’en approche, il aboie à petits coups contre elle, comme pour rire. Elle ne se sauve pas, elle sait bien qu’il s’amuse.

En ce troisième dimanche que Noël fait défaut, Églantine retourne à l’étang. Tou l’accompagne, et rien qu’à la façon dont il muse en route, elle sait que Noël n’est pas là. Arrivée, elle s’émerveille comme toujours. Jamais l’étang n’est le même. Pour l’instant il semble jouer avec le vent qui le ride au passage en courant du jonc à l’osier. Il garde vers les bords quelques petites places unies et bleues qui lui font comme des yeux gais. Et lorsqu’en son milieu il partage en deux les rides qui le masquent, il a l’air de rire au vent, rien que pour lui montrer la fraîcheur et la pureté de sa bouche. Églantine en fait plusieurs fois le tour avant d’aller s’asseoir à sa place habituelle. Toute resserrée sur son tas de fougère, elle attend. Elle attend ainsi jusqu’à la nuit,