Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/13

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— Tou aussi est né sans père ni mère. Je l’ai trouvé dans le bois, sur la mousse. Mère Clarisse a dit qu’il était tout frais naissant et qu’il était mon petit frère puisqu’il n’avait pas de parents non plus.

La voix était devenue si grave en disant cela que le garçon n’osa même pas sourire. Et tous deux, comme à l’annonce d’un malheur, firent silence un long moment. Puis le garçon parla de lui-même. Il s’appelait Noël Barray. Il était aussi du village de Bléroux, et demeurait avec ses parents dans une ferme, de l’autre côté de la sapinière, une grande ferme où il y avait beaucoup de chevaux, beaucoup de vaches et beaucoup de moutons, il y avait encore trois chiens, mais c’étaient des chiens méchants qui restaient à l’attache et ne sauraient pas jouer comme Tou. Et depuis que Luc, son grand frère, était parti pour le régiment, il s’ennuyait à la maison où ne venaient pas de petits camarades ; mais maintenant qu’il connaissait Douce et son chien, il viendrait chaque jeudi jouer avec eux.

Le soleil était déjà haut lorsque Noël se souvint qu’il lui fallait être de retour à la ferme pour le repas de midi. Les nouveaux amis l’accompagnèrent jusqu’à la grille du