Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/147

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rêt, que Luc a dit comme elle ! N’avez-vous pas compris qu’il ne permettra jamais qu’on enlève de la ferme une seule tête de bétail ?

Églantine la regarde tranquillement :

Si, elle a compris cela depuis longtemps.

— Et vous ne l’avez pas fait comprendre à Noël ?

Églantine fait non de la tête.

Mlle Charmes prend un ton de reproche :

— Voyons, Églantine, vous n’avez que ce moyen pour vous défendre. Il vous faut l’employer. Une simple allusion par lettre mettra Noël sur ses gardes, et dans quelques mois, il aura dégagé la vérité du mensonge.

Églantine relève ses longues paupières pour répondre :

— Noël aurait trop de chagrin s’il devait mépriser son frère.

Elle ajoute, la voix plus ferme :

— Et puis, j’ai promis à Luc.

Mlle Charmes lève les bras comme devant une chose inimaginable :

— D’où sortez-vous donc, Églantine ? Vous êtes d’un modèle inconnu parmi nous.

Elle regarde une fois de plus la jeune fille dont le visage a perdu tout éclat depuis le départ de Noël. Elle regarde inten-