Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raître les murs plus blancs et les toits plus roses encore. Un beau mûrier lui donne l’ombre l’été et l’abrite, l’hiver, des mauvais vents.

L’intérieur est vaste, simple et propre. Dans la pièce commune : deux lits, deux armoires, un large buffet et une longue table se rangent contre les murs, comme pour laisser plus de place au chien Marsouin qui étale son grand corps au beau milieu, et tient autant de place qu’un homme. Églantine et Jacques doivent partager la deuxième pièce dont les lits sont séparés par un large paravent.

Habituée à ses nuits solitaires, Églantine, dans cette chambre à deux, ne peut s’endormir malgré la fatigue du voyage. Tout l’inquiète. Un léger vertige lui fait croire qu’elle est encore sur le pont de La Ville d’Auray. Et puis la lune n’en finit pas de quitter la fenêtre où elle s’encadre, pour regarder par-dessus le paravent. De plus, un bruit étrange se fait, au loin. On dirait une voix sourde et menaçante dont la colère grandit, en même temps qu’une force méchante cherche à démolir la terre en la frappant à grands coups. Pourtant ce n’est pas le vent qui détonne ainsi, Églantine ne peut s’y tromper. Bientôt, au dehors, des