Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/232

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sa grande voix, et que cette grande voix fait osciller sa plume comme une cloche. En lignes bien droites elle ajoute :

— Ne riez pas, vous deux ! C’est comme lorsque la musique vous tire par l’oreille. Je sais bien, moi, comme vous vous agitez alors.

Jacques Hermont ne s’attriste pas du petit ton rageur de ces lettres ; il en rit au contraire. Et pour faire partager son contentement à Églantine dont les yeux restent tristes, il lui dit :

— Si elle bataille ainsi avec toute chose, c’est qu’elle devient plus forte.

Églantine et Jacques n’avaient pas voulu du tutoiement trop intime. Leurs rapprochements étaient rares, car d’un commun accord, ils luttaient jusqu’à épuisement de leur volonté contre la dure exigence de leur chair. Jacques était celui des deux qui en souffrait le plus ; certains jours, il se surprenait à guetter chez Églantine cette lueur bizarre qui s’allumait dans ses prunelles et crispait ses traits jusqu’à la dureté. À chaque rapprochement Jacques Hermont croyait aimer d’amour vrai ; mais il suffi-