Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/243

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gré ses quarante-deux ans, et moins d’un mois après, il était de retour, si gravement blessé aux jambes que pour lui conserver la vie, le médecin parlait de les lui couper. Mais Christine avait soigné son père avec une telle adresse qu’elle lui avait évité l’amputation, et avait fait dire au médecin qu’une pareille infirmière ferait merveille auprès de ses grands blessés. Et Jacques, devant la demande répétée de son enfant, avait fini par céder à l’offre du médecin de garder la jeune fille à l’hôpital.

La joie de Christine, ce jour-là, avait été sans bornes. Et ses larmes, à tout instant, avaient accompagné son rire.

Jacques, pourtant, comme s’il regrettait d’avoir cédé, exprimait déjà ses craintes.

— Séparée de nous, pourras-tu suivre le droit chemin ?

Christine savait très bien ce qu’était le droit chemin dont parlait son père, mais dans sa joie, par taquinerie pure, elle obligea Églantine à donner des précisions. Églantine ne savait pas trop quoi dire. Elle essayait de se souvenir de ce que Jacques disait autrefois à propos de Tensia, mais rien ne venait. Sous le regard de Christine, qui se faisait sévère, elle trouva :

— C’est d’abord de se marier jeune.