Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/41

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yeux sur sa maîtresse. Sa bouche s’ouvrit aussi pour un gai sourire, et son visage en fut si éclairé soudain que la maîtresse en resta comme intimidée. Elle s’éloigna cependant, mais ne put s’empêcher de se retourner vers la petite fille qui la suivait du regard, les lèvres toujours ouvertes. Jamais elle n’avait vu une telle clarté sur un visage d’enfant.

Elle sortit de la classe, toute songeuse, ne sachant pas bien ce qui lui arrivait. Et tout à coup elle comprit qu’elle venait de découvrir la nature vraie de sa jeune élève. Et, dans sa nouvelle surprise, au lieu de dire tout haut comme la première fois : « Oh ! cette petite gnangnan » elle dit tout bas, pour elle seule, avec une sorte de respect :

— Oh ! cette petite Lumière.

Et, par son ordre, le jour même, le vilain nom de gnangnan s’effaça pour toujours devant celui d’Églantine.


La vieille règle usée dont se servait Marguerite Dupré pour faire lire Églantine Lumière, devait être une baguette de fée car, peu de temps après, la mauvaise élève n’était plus la dernière de la classe.