Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/60

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la maison les amitiés qu’il y avait laissées. Ils parlèrent d’Églantine en attendant le grand-père qui n’était pas encore rentré. Noël s’informait des relations de la jeune fille à Bléroux, de ses goûts et de ses amusements préférés.

Ses relations ? Elle avait Louis Pied Bot et Marguerite Dupré. Ses amusements ? Elle passait beaucoup de temps chez Mlle Charmes qui l’aimait, la faisait chanter et tenir l’harmonium à l’église. Églantine adorait la musique. C’était un goût qu’elle avait comme ça. On ne savait pas d’où cela pouvait lui venir, personne dans sa famille n’avait jamais chanté de cette voix jolie qu’elle avait apportée en naissant. Même quand elle pleurait, étant toute petite, c’était si doux à entendre. Et puis, aussi, elle devenait savante. Mlle Charmes lui prêtait des livres et lui faisait réciter des vers. Ici, à la maison, elle était toujours la même, affectueuse et gaie, bonne à tous, aux bêtes comme aux gens, un peu triste seulement, lorsque son grand-père se détournait d’elle avec trop de mauvaise humeur. Pourtant elle évitait de lui parler pour ne pas le tourmenter. Elle évitait même de se trouver sur son passage tant elle avait le désir de se faire oublier.