Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/71

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nutes ; la fièvre étant tombée subitement, une faiblesse pouvait emporter rapidement le malade. Ce soir, cependant, il était calme. Églantine écoutait sa respiration redevenue à peu près normale. Malgré cela une crainte affreuse la laissait debout, adossée à la fenêtre, son regard constamment fixé sur son grand-père qui paraissait dormir. Non, il ne dormait pas, mais comme il gardait le souvenir de ceux qu’il avait vus dans sa fièvre, il en voulait à Églantine d’être là, et de mêler sa forme réelle à leur ombre. Et pour ne plus la voir, il tenait obstinément ses yeux fermés.

Dans le silence qui s’étend autour du Verger, le père Lumière s’étonne de ce roucoulement qu’il entend au loin. Pourtant le soleil est couché. Quelque ramier désacouplé qui se désole, sans doute, et qui, dans sa tristesse, ne voit pas venir la nuit. Il écoute. On dirait que le roucoulement se rapproche. D’où vient-il donc ? Ah ! oui, de la sapinière. Cette sapinière où il n’a jamais remis les pieds depuis la mort de son fils. Il écoute encore le roucoulement qui