Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/85

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bruit de l’orage au milieu des bois. D’un mot elle retient Noël qui veut se mettre debout :

— Écoute !

Un long frémissement passe dans les feuilles et, à sa suite, les arbres oscillent. Ils oscillent quelques instants, et les voilà qui se penchent et se redressent comme s’ils se faisaient des révérences. Les vieux chênes agitent leurs branches et semblent faire des signes aux bouleaux qui rebroussent leurs feuilles et font penser à des jeunes filles s’abritant sous leur jupe retournée. Et soudain, sans plus de préparation, c’est l’ouragan, avec son tonnerre, sa grêle et ses éclairs. Tous ces arbres, qui avaient l’air, l’instant d’avant, de se balancer par jeu, se courbent et veulent fuir maintenant. Ils s’agitent de façon désordonnée et bruissent comme si chaque feuille avait une bouche pour crier sa peur. Et comme pris de folie devant leur impuissance à fuir, ils se frappent les uns les autres avec rage. Parmi les sifflements et les coups, on entend des déchirures et des craquements, ainsi que le feraient des os brisés et jetés à terre avec force. De gros oiseaux poussent des cris terrifiés et des plaintes aiguës sortent des nids. Dans ce