Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/145

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comme les autres, je refuse la main du garçon, et… frrrout… je me lance, comme une hirondelle. Ma robe rose s’accroche au marchepied, et pan… je tombe sur la face, et je reste morte. On me releva la figure fendue de l’œil au menton, et deux soldats qui passaient par là me rapportèrent chez mes parents.

Le patron riait et cherchait à voir la cicatrice du visage, mais elle n’existait que dans l’imagination de Mlle Herminie.

Le dimanche, nous nous réunissions dans ma chambre comme aux jours passés des vacances.

L’escalier s’emplissait toujours d’odeurs de cuisine, mais l’odeur de nos propres repas s’y mêlait et nous ne cherchions plus à deviner le nom des mets ni la qualité du vin que buvaient les autres. Mlle Herminie mangeait maintenant sa côtelette tout entière et, lorsqu’elle avait bu par petites gorgées son café bien chaud, elle ne s’inquiétait plus de l’avenir.


En même temps que Gabielle, il nous était venu Mme Félicité Damoure. Ses deux noms semblèrent si drôles au patron qu’il ne voulut pas les séparer.

C’était une petite femme sèche et noire, et quoiqu’elle fût encore très jeune, sa voix ressemblait à celle d’une vieille femme.

Lorsqu’il y avait une dispute elle criait plus fort que tout le monde et disait toujours des choses ridicules.