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En décembre la morte-saison revint, mais la répétition des modèles donna suffisamment d’ouvrage pour occuper les anciennes. De plus, chaque fois que le froid augmentait, il nous arrivait des commandes pressées. Duretour alors partait en hâte chercher les nouvelles et les machines neuves reprenaient leur tapage.

Quelques jours avant la Noël, une forte gelée nous valut une série de manteaux qu’il fallait absolument livrer de suite. Mais Duretour eut beau courir, elle ne ramena que Gabielle et Félicité Damoure. Les autres étaient occupées ailleurs ou ne voulurent pas se déranger. Une grande inquiétude nous vint à toutes. Les manteaux étaient vendus d’avance. Les étiquettes que Duretour avait apportées en faisaient foi. Et si la maison Quibu ne pouvait pas les livrer à temps, il y aurait du désagrément pour elle et pour nous.

Bouledogue elle-même le comprit, et tout le monde décida de veiller pour terminer au plus vite.

Les deux premiers soirs tout alla bien, mais le troisième, après la journée finie, chacune manifesta son mécontentement d’être obligée de revenir passer la nuit du réveillon à l’atelier. Le patron promit des oranges et du vin chaud, mais sa femme ne cachait pas ses craintes pour cette dernière veillée.

Cependant vers neuf heures les ouvrières remontèrent les unes après les autres. Duretour ne parvenait pas à renfrogner son joli visage, mal-