Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/154

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mariage, il se détourna de moi pour en épouser une autre. »

Son état d’exaltation augmenta avec l’idée que je pourrais devenir un jour la femme de Clément. À l’atelier, elle était à l’affût de tout ce que pouvait dire Mme Dalignac sur son neveu. Et le soir elle n’attendait pas toujours que nous fussions chez nous pour me répéter qu’elle désirait ce mariage de tout son cœur. Elle faisait des projets à ce sujet, et s’il m’arrivait d’en rire, elle se fâchait. Puis, elle parut oublier qu’il s’agissait de mon avenir et non du sien, et bientôt elle parla de ce mariage comme d’un bonheur qui lui était dû.


En ce jour de Noël notre maison ressemblait à une cage ouverte. Les enfants s’en échappaient avec des cris joyeux et les appels des parents se perdaient dans la dégringolade continuelle de l’escalier.

Pour tout le monde c’était un beau jour de fête, mais pour Mlle Herminie, c’était surtout un jour de beaux souvenirs.

Il était tout pareil à celui-ci, le Noël qui avait vu son fiancé dans la maison de ses parents, et, tout comme aujourd’hui, les enfants battaient joyeusement du tambour et soufflaient à grands coups dans des trompettes de fer-blanc. Notre repas préparé avec soin la laissa presque indifférente, tant elle avait de choses à dire.

Je l’écoutais parler. Une sorte de jeunesse lui