Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/161

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Mlle Herminie en lui assurant qu’elle représentait pour elle une année de plus à vivre, mais elle l’avait refusée, prétendant que la fleur tombée était la part du destin. Et, sans perdre une minute, elle lui avait confectionné un minuscule vase en papier et l’avait posé au plus bel endroit de la cheminée.


Malgré le froid, notre maison n’était pas moins bruyante qu’au jour de Noël. Les lapins-tambours, les moutons bêlants et les carabines à répétition menaient le même vacarme dans l’escalier. Aussi, lorsque j’entendis frapper à ma porte, je ne bougeai pas, croyant qu’un enfant la heurtait par mégarde, mais les coups furent répétés avec plus de force et je me levai pour ouvrir.

C’était Mme Dalignac, un peu essoufflée d’avoir monté trop rapidement les étages.

Avant même d’entrer elle me demanda très vite :

— Est-ce vrai que vous voulez bien épouser Clément ?

Je restais interdite et je me sentis rougir violemment.

Elle attendit à peine et reprit en abaissant vers moi son front qui dépassait de beaucoup le mien.

— Dites. Est-ce bien vrai ?

Toute sa tendresse, tout son désir de bonheur pour son neveu éclatait si fort dans le tremblement de sa voix que je fis oui de la tête sans détacher mon regard du sien.