Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Où sont donc les vignerons ? disait la vieille femme en se tournant de tous côtés.

El les chemins se déroulaient sans travailleurs ni charrettes. Et ces vignes que je m’attendais à voir splendides et bruyantes n’offraient dans leur étendue que maladie et abandon.

Devant nous la côte Saint-Jacques s’étalait haute et large avec les mêmes vignes maigres et flétries, mais sur le sommet, juste par le milieu, un grand espace nu brillait sous le soleil et retenait le regard. À mesure que nous avancions, le carré se détachait plus brillant et plus net, et Mlle Herminie s’arrêta brusquement pour me demander :

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— C’est un chaume, répondis-je aussitôt, car en approchant je venais de reconnaître la paille jaune et luisante du blé.

Mlle Herminie en resta suffoquée. Elle leva les mains comme à l’annonce d’un malheur irréparable, et elle s’exclama :

— Du blé dans nos vignes !

Puis elle se signa lentement en disant plus bas :

— Seigneur ! ayez pitié de nous !

Et au lieu d’avancer, elle fit retour pour aller s’asseoir sur un tas d’échalas qui pourrissait au bord de la route.

Un très vieux vigneron qui montait péniblement un sentier de traverse vint s’asseoir auprès de nous en reconnaissant Mlle Herminie, mais au lieu de parler de leur jeunesse comme