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Elle l’avait avoué sans honte ni crainte à Mme Dalignac. Et tout de suite elle avait demandé à emporter de l’ouvrage le soir pour augmenter le prix de sa journée.

Elle savait son métier à fond. Elle était douce et gaie. Et dès les premiers jours Mme Dalignac l’avait prise en amitié.

Depuis, il lui était venu un autre enfant, un petit garçon qui allait sur ses trois ans et que la grand’mère élevait à la campagne avec la petite fille.

Jacques était caissier dans une grande maison de banque. Il habitait avec sa mère qu’il faisait vivre maintenant que son père était mort, mais il passait toutes ses soirées auprès de Sandrine à faire des colonnes de chiffres qui n’en finissaient plus. La même table et la même lampe leur servait, et tout deux travaillaient courageusement jusqu’à minuit pour gagner de quoi faire vivre leurs petits.

Pour l’instant, il y avait quelque chose de changé dans leur intimité. Jacques ne venait plus au-devant de Sandrine, et il la laissait seule à veiller dans la petite chambre. Sandrine n’en prenait pas souci. Jacques lui avait dit qu’il était obligé de rester auprès de sa mère très souffrante et cette explication lui suffisait. Elle se montrait heureuse et tranquille, comme si elle eût été la femme légitime de Jacques, et elle disait avec un sourire plein de confiance :

— Je sais bien que mon Jacques ne pourra