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III

On approchait de la Toussaint, et toutes les clientes réclamaient leurs vêtements pour ce jour-là. Une activité pleine d’appréhension emplissait l’atelier. Mme Dalignac nous distribuait l’ouvrage avec un front soucieux, et les indications qu’elle donnait d’un air absent n’étaient pas toujours comprises. Bergeounette, qui ne prenait plus le temps de regarder par la fenêtre, supportait mal les observations, et Duretour, qui ne pouvait plus rire, se mettait à pleurer au moindre reproche. Bouledogue grognait et disait que nous faisions le travail de deux journées en une seule. Personne ne lui répondait, mais les mouvements nerveux augmentaient. Une bobine s’en allait rouler sous la table, ou une paire de ciseaux tombait avec bruit sur le parquet.

Bouledogue n’arrivait jamais en retard à l’atelier, mais elle ne donnait jamais une minute en plus du temps qu’elle devait. À midi, ou à sept heures tapant, elle se levait de son tabouret, et si l’une de nous s’attardait pour finir quelques points, elle la regardait de travers et disait :

— Une journée de travail suffit.