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V

En janvier, Sandrine eut une rechute grave. Pendant les deux premiers jours elle ne s’aperçut pas des soins que je lui donnais, mais, dès que sa fièvre fut calmée, elle me pria d’aller lui chercher du travail.

Le patron cria en prenant sa tête à pleines mains :

— C’est épouvantable… Où prendra-t-elle la force de travailler ?

Et il tournait tout courbé autour de la pièce, comme s’il cherchait du secours sous la table ou derrière les tabourets.

Mme Dalignac fit un grand geste d’impuissance et prépara le paquet d’ouvrage que j’emportai aussitôt.

Je retrouvai Sandrine assise dans son lit en train de coudre une petite culotte de garçon.

Ses cheveux noirs lui cachaient la moitié des joues, et leurs boucles s’allongeaient jusque sous son menton. Elle respirait difficilement, sa poitrine faisait entendre un bruit de gargouille et ses lèvres étaient sèches et toutes craquelées.

Elle défit très vite le paquet, et la petite culotte,