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VI

Le mardi suivant, nous étions toutes en retard pour commencer la nouvelle semaine. Duretour elle-même était sans entrain et Bouledogue n’en finissait plus de déplier son tablier.

Le patron fit semblant de nous gronder :

— Il faudrait que Pâques ait trois jours de fête pour vous autres.

Je m’aperçus tout de suite que Sandrine n’était pas encore arrivée, et j’allais le faire remarquer à Mme Dalignac ; mais, juste à ce moment, elle disait, en ouvrant une lettre dont l’adresse s’en allait tout de travers :

— Ça, c’est sûrement une cliente qui se fâche.

Chacune resta debout s’attendant à l’ennui d’une robe à retoucher. Mais au lieu de nous donner des explications, comme elle le faisait toujours dans ce cas-là, Mme Dalignac éloigna le papier et le rapprocha. Puis ses yeux papillottèrent devant les deux seules lignes qui étaient en haut de la page, et enfin elle lut tout haut :

« Ma Sandrine est morte.

Jacques. »

Dans le silence qui suivit, les têtes se tournèrent