Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout était en ordre dans la chambre de Sandrine. On y sentait une odeur de parquet lavé, et le petit lit tout blanc semblait éclairer la chambre autant que le soleil d’avril.

Jacques était à moitié couché par terre. Il se releva péniblement pendant que Mme Dalignac lui demandait très vite :

— Comment cela est-il arrivé ? Où est Sandrine ?

Il tourna son visage vers le lit en répondant :

— Elle est là.

On ne voyait aucun renflement sous les draps, pas même à l’endroit des pieds ; mais déjà Mme Dalignac se baissait et passait sa main sur toute la longueur du lit, comme pour s’assurer que Sandrine était bien là. Puis elle lui découvrit le visage et la regarda longuement.

Jacques dit : — C’est hier qu’elle est morte.

Sa bouche trembla, et ses paupières se fermèrent. Il essaya de raffermir sa voix pour ajouter :

— Quand je suis arrivé, elle avait déjà vomi tout son sang.

Une voisine entra sans bruit, tout en cousant une pièce à un tablier d’enfant.

— Elle n’a pas mis longtemps à mourir, nous dit-elle.

Et de la même voix basse et calme, elle expliqua :

— Toute la nuit, je l’avais entendu tousser à