Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/87

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Il vint un brodeur. C’était un bel homme à l’air solide. Il fixa d’abord le prix de sa journée, puis il s’approcha de la machine et dit avec insolence :

— Mais c’est un vieux modèle… Comment voulez-vous que je fasse du travail soigné avec ça ?

— J’en fais… moi, dit le patron d’un air vexé.

Le bel homme le regarda de haut :

— Moi, je ne travaille qu’avec des machines modernes.

Il cligna un œil de notre côté, et il s’en alla en retroussant sa moustache.

Il en vint un autre qui avait grande envie de travailler. Il trouva la machine lourde, et, pour la rendre plus légère, il fit couler de l’huile en quantité dans tous les trous.

Le patron se tourmentait :

— Vous allez tacher les broderies.

L’ouvrier répondit :

— Tout le monde fait des taches.

Et il réclama de la benzine.

À la fin de la journée il avait tant fait de taches et tant employé de benzine que le tissu en était tout défraîchi.

Le patron le renvoya avec des cris pleins de fureur :

— Je suis plus malade de voir ça que de travailler, nous dit-il.

Mme Dalignac eut une idée :

— Si on prenait une femme ?

Et Bergeounette alla coller une nouvelle affiche. Bouledogue grogna encore :