Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme Linella s’en allait vers la porte. Elle revint pour dire :

— Tenez, j’ai une idée pour le corsage. Vous mettrez un tout petit peu de bleu au col et à la ceinture.

Elle s’éloigna pour revenir de nouveau :

— Surtout faites-moi des manches qui n’aient pas l’air d’être des manches.

Et cette fois, elle partit pour de bon.

Aussitôt le patron demanda à sa femme :

— Tu ne la feras pas cette robe, hé ?

— Est-ce que je sais, répondit Mme Dalignac.

Et son visage prit un air de découragement si intense qu’on eût dit qu’elle allait se mettre à pleurer.

Mais cela ne dura pas longtemps ; son regard devint vite absent et préoccupé comme lorsqu’elle avait une robe difficile à composer, et les paroles inquiètes du patron ne semblèrent plus arriver jusqu’à elle.

Dans l’atelier on se moquait de la cliente.

— Elle est loin, sa robe blanche, disait Duretour.

— Personne ne l’empêche de courir après, ricanait Bergeounette.

Bouledogue, le nez tout plissé de colère, ronchonnait :

— Il y a des limites à tout.

Le soir, lorsque je fus seule avec Mme Dalignac, elle me dit :

— En travaillant pendant toute la nuit de