Page:Audoux - La Fiancee.djvu/108

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— Papa !

Il faisait à peine plus sombre ici qu’au dehors, et tout de suite elle comprit que son père n’était pas couché sur son lit, comme elle avait cru le voir en entrant ; mais elle était si certaine qu’il ne tarderait pas à venir, qu’elle ferma la porte sans pousser le verrou, et qu’elle se dirigea vers son petit lit pour s’étendre dessus. Elle ne voulait pas s’endormir, et elle faisait de grands efforts pour ne pas laisser se fermer ses paupières. Cependant elle fut réveillée par des cris, mais elle ne fut pas longue à comprendre que c’était elle-même qui les avait poussés. Sa gorge ne laissait plus échapper de sons, mais sa respiration restait courte, et elle sentait bien qu’il lui suffirait de faire un tout petit effort pour entendre de nouveau les cris sourds et apeurés qui venaient de la réveiller.

Elle avança la main vers le lit de son père tout proche du sien ; elle savait bien qu’il était vide ; elle le touchait seulement pour se sentir moins seule, et parce qu’elle imaginait qu’un ami lui donnait la main. De temps en temps ses yeux se fermaient sous le sommeil, mais