Page:Audoux - La Fiancee.djvu/128

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pour étancher le sang de l’affreuse blessure que son père s’était faite au front ; mais dans le vent qui sifflait à ses oreilles, et courbait les arbres au-dessus de sa tête, elle croyait entendre deux voix chéries unies à jamais, et qui parlaient d’un bonheur qui durerait l’éternité.



V


En septembre le fils de la mère Marienne revint de prison. Lui aussi avait aimé le père de Valserine, et sa peine fut grande en apprenant sa mort. C’était un homme silencieux et doux, aux grands yeux paisibles, et dont les cheveux commençaient seulement à grisonner. Il parlait à sa mère avec un grand respect, et sans jamais la contredire ; mais quand il s’adressait à Bernard sa voix prenait un accent joyeux et tout son visage rayonnait de tendresse.