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Paul s’était imaginé que tous ces poulains grandiraient près de leur mère jusqu’à ce qu’ils soient assez forts pour traîner des charges à leur tour ; et voilà qu’on les amenait dans ce bateau par surprise, comme les enfants que l’on mène à l’école pour la première fois.

Cela lui rappelait le jour où sa mère l’avait conduit au collège. C’était l’année d’avant, et il ressentait encore l’impression de terreur qui l’avait saisi en se trouvant en face du grand bâtiment et de sa grande porte.

Son premier mouvement avait été de s’enfuir, et il avait fallu que sa mère le retînt de toutes ses forces par la main. Elle lui avait fait honte tout bas en lui montrant d’autres garçons qui suivaient leur mère d’un air sage, tout comme ces grands poulains qui venaient tranquillement jusqu’à ce bateau.

Il n’avait pas oublié non plus ce petit garçon qui s’était couché sur le dos, devant la porte du collège, et qui se défendait des pieds et des poings contre le monsieur qui essayait de le soulever de terre. Le petit garçon criait en appelant sa mère : il avait dû tant crier