Page:Audoux - La Fiancee.djvu/159

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enserrer la tête dans un licol blanc et rose : mais le poulain l’évitait d’un brusque recul ou d’un léger saut de côté. Le marchand commença de jurer : il voulut que la femme fît un effort pour l’aider, mais elle resta droite et raide à la tête de la jument, en répondant :

— Maintenant qu’il est à vous, prenez-le comme vous pourrez ; je ne vous ai pas caché qu’il n’a jamais été attaché.

Les femmes s’apitoyaient sur la petite bête, tandis que le marchand s’avançait sur la pointe de ses gros souliers avec le licol tout grand ouvert au bout de ses deux mains. Il tournait et revenait sur ses pas pour surprendre le poulain qui lui échappait toujours. C’était un gros homme pesant et maladroit. Des femmes riaient de lui, et Paul qui le regardait avec colère pensait tout au fond de lui-même qu’il avait l’air d’un ours essayant d’attraper un oiseau.

Cependant, le poulain se sentit approché deux ou trois fois, de si près, qu’il chercha du secours auprès de sa mère.

Il voulut d’abord se cacher sous son ventre :