Page:Audoux - La Fiancee.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Libre de diriger sa propre vie, Jeanne Denis avait fait tout ce qui lui avait été possible pour retrouver le cher ami. Au cours de ses nombreuses démarches, elle avait seulement appris que le matin même de son entrée à la clinique, on avait vu sortir du café le garçon de salle, tête nue, en habit de travail et l’air désespéré.

Ce fut alors que, désespérée elle-même, elle était venue habiter ce village où Jean le Perdu avait été élevé par la mère Clarisse, espérant qu’un jour, par affection pour sa nourrice, il pourrait y revenir.

Et voilà qu’à rappeler tous ces souvenirs, Madame l’Infirme s’aperçut que sa crainte du rôdeur avait fait place à un espoir, plus brillant encore que le brillant soleil du matin. « Ce rôdeur, si c’était Jean le Perdu ? » Qu’importait qu’il soit devenu un pauvre guenilleux, elle saurait bien le réconforter et lui donner la place à laquelle il avait droit.

Et à sa vieille servante qui s’inquiétait de la nouvelle apportée par la paysanne, elle dit tout haut ce qu’elle venait de penser.

— Ce rôdeur, si c’était Jean le Perdu ?